La planète a besoin de plus d’élevage, pas de plus de soja.

Du caractère fallacieux de l’injonction générale à manger moins de viande.

Traduction de cet article de Seth Itzkan, le co-fondateur de l’association Soil4climate.

Ce qui est terriblement insidieux dans l’idée qu’il faudrait « manger moins de viande« , c’est que cette injonction permanente véhicule l’idée implicite que la viande est mauvaise (alors que, bien sûr, elle ne l’est pas). La conséquence étant que tout naturellement les choix du consommateur mal averti se reporte vers des succédanés de fausse viande, de soja OGM et son corollaire :  l’appauvrissement des sols au détriment de solutions alternatives,  régénératrices et nutritionnellement supérieures que sont le bœuf et les produits laitiers. Ces « alternatives animales » sont pourtant les éléments essentiels dans  le cadre une démarche d’améliorer la structure des sols, d’y capter du carbone,  afin de revitaliser les écosystèmes de pâturage et en bout de chaîne dans l’assiette du consommateur. Ce que Burger King, et d’autres franchises, devraient faire, au lieu de transporter des cargos d’Aliments Impossibles (substitut de viande), c’est d’insister pour que chaque région s’approvisionne en au moins 10 % de ses viandes localement et via une production écologiquement restauratrice des sols. Cela donnerait un coup de fouet à la révolution alimentaire qui est un rouage incontournable du défi contemporain que représente le changement climatique.

 

Regardons y de plus près. La viande, nous le savons, est la nourriture la plus saine sur terre, et il n’y aurait pas eu d’évolution humaine ni de pensée élaborée sans que nos ancêtres en aient consommé. Et, bien sûr, il n’y aurait pas non plus de sol riche en carbone sur les deux tiers de la surface terrestre de la planète qui dépend de l’activité des ruminants. Les mensonges déplacés qui font honte à la chair animale permettent la promulgation d’obscènes Franken-aliments comme l’Impossible Burger. Ces aberrations de la sensibilité culinaire sont en plein boum, et cet engouement n’est pas près de diminuer notre dépendance au soja. Ces « alternatives capitalistico-vertes » incarnent en outre la richesse générée par ce que nous mangeons comme un capital juteux détenu dans les mains de quelques entrepreneurs de technologie de pointe, qui, comme des vautours des affaires, utilisent des arguments fallacieux pour nous vendre de la « viande de laboratoire « un simple véhicule de capitalisation de la propriété intellectuelle. Ce qui compte pour ces marchands de faux, ce sont les brevets, et non la qualité intrinsèque des produits.

14 brevets dans chaque bouchée de viande de synthèse. Miam, un véritable trésor de guerre de plus de deux milliards de dollars selon les dernières estimations. Si un tel budget était alloué au pâturage régénérateur, nous pourrions mettre fin à la faim et à la désertification en Afrique.

Le pâturage planifié de façon holistique au Zimbabwe – construire le sol, inverser la désertification, séquestrer le carbone du sol. Photo Copyright Seth J. Itzkan

Le vrai problème, comme la plupart des gens de ce groupe le savent, c’est le soja et le maïs utilisés dans les élevages concentrationnaires (Note du mythe : CAFO : ce type d’élevage… n’existe pas en France.) . Lorsque l’accent est mis sur le sol, c’est évident, nous avons en fait besoin de beaucoup plus d’animaux !  De grandes régions du pays, comme pratiquement tout l’État de l’Iowa, qui pratiquent la culture céréalière annuelle, devraient être reconverties en prairie à herbes hautes avec pâturage. Lorsque le citoyen moyen comprendra cela, et lorsqu’il y aura des marchés du carbone pour récompenser la réduction des émissions, ce débat sera caduque. Les viandes nourries au pâturage seront concurrentielles sur le plan des coûts par rapport aux viande issues d’élevage concentrationnaires, tout comme l’énergie solaire est maintenant concurrentielle par rapport aux combustibles fossiles. On n’entend pas les gens réclamer d’employer « moins d’énergie ». Vous les entendez revendiquer des « énergies propres », ou encore des « énergies renouvelables ». Cette même logique sera appliquée à la viande, non pas « moins », mais « mieux ».

Seth Itzkan.

8 commentaires sur « La planète a besoin de plus d’élevage, pas de plus de soja. »

  1. Pour une fois je ne vais pas être tout à fait d’accord. Autant des animaux comme le porc ou le canard peuvent se nourrir de végétaux sans nécessiter de culture spécifique (donc de prendre sur les cultures utilisables directement pour l’homme) autant le choix des Ruminants est le pire qui soit. Ces animaux produisent en effet beaucoup de méthane qui a un puissant effet de serre, beaucoup plus que le CO2.
    Il y a aussi des plantes plus efficaces que des herbages pour lutter contre le réchauffement climatique, comme les arbres. Or certains arbres peuvent très bien nourrir des porcs, et nous aussi d’ailleurs. (Je n’ai pas dit non plus qu’il était possible de couvrir l’Iowa de forêts pour porcins !)

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    1. Au risque de vous contredire, un ruminant est fait pour manger de l’herbe et donc ne nécessite pas de’culture spécifique comme vous le sous entendez. C’est l’homme qui lui donne du soja et autres céréales pour produire plus (c’est très criticable en effet) et c’est aussi ça qui provoque cette production de méthane.
      Au contraire, les volailles et porcs ont eux mangent des graines. Donc je ne comprends pas votre raisonnement.
      Je pense qu’il faut simplement revenir a l’elevage à taille humaine!

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    2. Cette vision plutôt pro-viande, à contre-courant de la ‘végétalisation’ de notre alimentation me paraît vraiment cohérente et fondée à de très nombreux points de vue et c’est même ce qui me semblerait salutaire pour notre santé à tous si…nous n’étions pas si nombreux sur Terre: comment peut-on nourrir ces milliards de gens en comptant sur une production basée essentiellement sur une viande élevée en plein air?
      Je n’ai pas fait de calcul de rendement mais un industriel aura vite comprit que pour élever correctement une vache il faudra beaucoup plus de place que pour simplement produire du soja et son chiffre d’affaire sera réduit d’autant…

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  2. Bonjour,

    Pourriez-vous expliquer ce que vous voulez dire par le fait qu’il n’existe pas d’élevages concentrationnaires en France? Vous soutenez véritablement que les élevages dans lesquels les animaux n’ont pas accès aux sols n’existent pas en France?

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