Le drame du véganisme.

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Petite tranche de vie ordinaire inspirée d’une histoire vraie fraîche d’aujourd’hui sur les réseaux sociaux.

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Acte 1 -scène 1- Une prise de contact passablement musclée.

Jean-Kyllian Tofu –  (Super énervé, un profil Facebook qui indique un cursus aux Hautes Etudes en Sciences Sociales, contacte la messagerie privée du Mythe ne dit ni bonjour ni merde, est vraiment super remonté comme un coucou.) 

– Jean-Kyllian Tofu : « Vous aviez l’ambition de faire une page critique sur le végétarisme. Mais tout ce que vous faites, c’est publier un ramassis de désinformation, relayer les « réflexions » les plus bêtes qui soient sur le végétarisme. Vous êtes vraiment suffisamment idiots pour croire que le véganisme serait moins respectueux de la nature que l’alimentation carnée ? En étant si peu rigoureux, vous faites du mal. Je vous rappelle que 90% des animaux terrestres sont des animaux d’élevage, élevés de manière industrielle pour 80% d’entre eux. À cause de gens comme vous, la Terre est devenue un enfer pour les êtres vivants. Vous êtes vraiment des salauds. Fermez cette page, c’est ce que vous pourriez faire de mieux.

Le Mythe (classe et distinguée comme à son habitude, essaie de ramener JK végan à des modes de communication plus…enfin moins, enfin vous voyez quoi, le tout avec un brin de provoc, parce que quand même, il faut bien se faire plaisir de temps à autres, mais quand même avec l’espoir que le type ai un peu honte et se ressaisisse.)

Le Mythe : « Bonjour Jean-Kyllian. Tiens c’est rigolo, j’avais caressé l’ambition d’un cursus à l’EHESS également et puis finalement. ..j’ai eu un bébé à la place 😉 J’avais rencontré François Flahault 😊 (prise en flag’ de name dropping, Le Mythe.) Je suppose que tu as rédigé ce commentaire sous le coup de la colère en réalisant qu’il existait une critique argumentée d’un point de vue « au delà » du véganisme ? Je me souviens avoir éprouvé cette gamme de sentiments à l’époque ☺
Quoi qu’il en soit je reste à ta disposition si tu souhaites continuer à échanger sur ce sujet qui me passionne. »  (ton mielleux à souhait).((ou sirop agaveux à souhait, comme vous préférez.))

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Acte 1 -scène 2 – La tension monte sur la messagerie.

Jean-Kyllian Tofu – (en manque de choline) : « Il existe quelques critiques intéressantes du végétarisme, mais de ce que j’ai vu ça reste léger. Ce que j’ai vu sur votre page est très clairement en-dessous de cette critique constructive : c’est vraiment au ras des pâquerettes, de pures bêtises. Ça me fatigue de voir ça. Et j’ai du mal à comprendre comment on peut être assez bête pour croire que le monde se porte mieux si on mange des animaux : ça n’a aucun sens. Enfin si, bien sûr, je comprends bien l’intérêt de vouloir faire disparaître la dissonance cognitive entre « j’aime gustativement la viande » et « c’est abominable de manger de la viande », en se persuadant que c’est bon de manger de la viande. Mais cette façon de se donner bonne conscience, en faisant taire son esprit critique, est ce qui s’appelle être un salaud. »

(Il y va fort quand même, le bougre !)

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Acte 1 scène 3 – La discussion part en eau de boudin.

Le mythe – (Commence à se dire qu’elle va le faire parler, juste pour rigoler et voir ce qu’il en sort.)

Le Mythe  :- « Bon. Dis moi si je comprends bien le sens de ta démarche. Ta demande c’est que je ferme mon média critique ? J’ai bien saisi ?Tu me donnerais les références des « critiques intéressantes du véganisme » que tu mentionnes plus haut ? ☺Du « végétarisme », pardon. »
Jean-Kyllian Tofu (de plus en plus à fleur de peau) : – « Puisque ce n’est pas un média critique mais plutôt une page « bistrot de végétaro-sceptiques », oui je préfère que ça disparaisse.
Non désolé je n’ai aucune référence « anti-végétarisme » à donner, je n’ai jamais vu une réflexion ou un fait qui m’a fait me dire « tiens, ça pourrait quand même être bien de manger de la viande » (comme je disais, les critiques « intéressantes » restent très légères, c’est surtout à base de « il faut combattre la nourriture industrielle et transformée », mais manger de la viande ne règle pas du tout le problème). La conclusion est toujours qu’il faut juste arrêter de manger des animaux. »

(coup dur pour le Mythe d’entendre ça qui n’a vraiment plus qu’à fermer la page.)

Jean-Kyllian Tofu : « Par contre, en référence critique et sérieuse je propose ça :  (lien you toube directement issu de l’arsenal critique d’un mec qui a fait ses « propres recherches » sur Doctissivégamo : le Mythe se chie dans son froc devant tant de débunk de qualitay.)

Jean-Kyllian Tofu (impitoyable et triomphant) : – « Malheureusement » il en arrive à la conclusion que manger des animaux c’est juste mal et injustifiable, donc ça ne te plaira probablement pas. »
(Re-coup dur pour le Mythe qui n’est plus qu’une flaque à ce stade de la conversation.)
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Acte 2 scène 1 – Le Mythe contre attaque pédagogiquement.
Le Mythe – (un peu lassée de parler avec JK Tofu, essaye de lui faire comprendre qu’il est juste le milliardième à se croire trop génial à suivre les directives de Bill Gates et de la Silicon Valley) : « Il dit que c’est pôbien » 😕

Jean-Kyllian Tofu (sûrement un peu embêté de recevoir une réponse aussi courte et désabusée) : – « et ? » « Que quoi est « pôbien », d’ailleurs ? »

Le mythe – (Se rapelle qu’elle a des frites à la graisse d’oie qui cuisent et que les enfants ont faim) : – « Ben c’est la vox populi. « L’élevage cay pa biiiien » « Le lay cay pour lay vowwww »
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Acte 2 scène 2 – Où Jean-kyllian Tofu, mené, commence à suffoquer et convoquer un registre de langage davantage châtié.
Jean-Kyllian Tofu (un peu deg en vérité d’être assimilé à une péta/sse, se drapant dans un regsitre de langage zététique pour garder la face)  :
– « Ces positions sont étayées. Tu aimerais quoi en fait ? Des argumentaires intelligents qui disent que c’est bien de manger de la viande et boire du lait ? Ça n’existe pas. »

Le Mythe – (Réalise soudainement le niveau de culture scientifique de son interlocuteur, décide de tout miser sur l’humour et la vexation.) :

– « Oui han. Les méta-analyses cay pour lay chiens-han 😀
Bon
Je suggère qu’on arrête là 😁 Ce bidochonnisme végan
Mon beauf 2020 est vegan ^^ »
Jean-Kyllian Tofu : (Commence vraiment à se demander si discuter avec le Mythe était une si bonne idée que ça finalement) :

– « Être rebelle n’est absolument pas ce qui m’intéresse, puisque j’aimerais bien que le végétarisme devienne la norme..

Tu aurais 1 argument en faveur de l’alimentation carnée ? »
Le Mythe (mesquine au possible) : – « Et bien réjouis toi. Les végétarismes sont devenus la pensée dominante.) »

Jean-Kyllian Tofu (A encore l’impression de faire parti d’un mouvement cool et entends tout faire pour ne pas laisser quiconque lui suggérer l’idée que le véganisme c’est sooOo 2017) :  « Ouais, 5% de végétariens en 2017. Et il faut voir comment les militants végans sont reçus sur les plateaux télé…Tu vis vraiment sur une autre planète. La plupart des plats dans les restaurants sont à base de viande et de poisson. »

Le Mythe (Ne se laisse pas emberlificoter par des aussi grosses ficelle, de toutes façon, les frites sont prêtes) :
– « Des arguments en faveur de « l’alimentation carnée » ? Tu prends le problème à l’envers, c’est à toi qu’imcombe la charge de la preuve. Comme t’as l’air de t’y connaître en zététique you tubesque, je suis sûre que tu vas nous dénicher des preuves que le vayganism c’est mieux que la viond. »
Jean-Kyllian Tofu – (ne lâche pas le morceau) :
– « Et tu dis que les végétarismes sont la pensée dominante. Tu perçois une réalité complètement déformée, ça s’appelle de la déréalisation, tu devrais consulter. »
Le Mythe (Commence à réfléchir à mettre en scène ce dialogue surréaliste sous forme de pièce de théâtre pour sublimer l’expérience, lui donner un sens.) :
– « Tu as des adresses à me suggérer ?
Merci pour le diagnostic non sollicité by the way 💙
Bon ». 
(Il doit se dire à ce moment qu’il lui a coupé le sifflet)
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Acte 2 scène 3 –  Jean-Kyllian Tofu tente une parade zététique de ceinture blanche de pensée critique.
Jean-Kyllian Tofu (Ne se doûte pas une seule seconde de la perfidie de mes plans démoniaques) :
– « La charge de la preuve ? Il y a une accumulation de preuves scientifiques selon lesquelles les animaux souffrent de l’élevage, et que l’élevage est une catastrophe écologique (totalement inefficace d’un point de vue énergétique), et plus de n’avoir aucun intérêt supplémentaire par rapport à un régime végétalien bien mené. Que veux-tu de plus ? »
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Scène finale-

Le Mythe (Se dit qu’elle a accumulé suffisamment de matériel et que toutes les meilleures choses ayant une fin, il faut songer à raccrocher maintenant.)  :
– « Je ne pense pas que ce type d’échange soit très fructueux, en ce qui me concerne, j’y mets un terme. »
Jean-Kyllian Tofu (montre son vrai visage et largue une dernière diarrhée censée faire démissionner le Mythe de Facebook définitivement)

– « Les urgences de Sainte Anne.

Tu n’as fait que confirmer que les carnistes étaient des déchets de la pensée humaine. »
(Et paaaaan dans nos gueules de salomnivores.)
Le rideau se ferme, le public de la page applaudit.
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La planète a besoin de plus d’élevage, pas de plus de soja.

Du caractère fallacieux de l’injonction générale à manger moins de viande.

Traduction de cet article de Seth Itzkan, le co-fondateur de l’association Soil4climate.

Ce qui est terriblement insidieux dans l’idée qu’il faudrait « manger moins de viande« , c’est que cette injonction permanente véhicule l’idée implicite que la viande est mauvaise (alors que, bien sûr, elle ne l’est pas). La conséquence étant que tout naturellement les choix du consommateur mal averti se reporte vers des succédanés de fausse viande, de soja OGM et son corollaire :  l’appauvrissement des sols au détriment de solutions alternatives,  régénératrices et nutritionnellement supérieures que sont le bœuf et les produits laitiers. Ces « alternatives animales » sont pourtant les éléments essentiels dans  le cadre une démarche d’améliorer la structure des sols, d’y capter du carbone,  afin de revitaliser les écosystèmes de pâturage et en bout de chaîne dans l’assiette du consommateur. Ce que Burger King, et d’autres franchises, devraient faire, au lieu de transporter des cargos d’Aliments Impossibles (substitut de viande), c’est d’insister pour que chaque région s’approvisionne en au moins 10 % de ses viandes localement et via une production écologiquement restauratrice des sols. Cela donnerait un coup de fouet à la révolution alimentaire qui est un rouage incontournable du défi contemporain que représente le changement climatique.

 

Regardons y de plus près. La viande, nous le savons, est la nourriture la plus saine sur terre, et il n’y aurait pas eu d’évolution humaine ni de pensée élaborée sans que nos ancêtres en aient consommé. Et, bien sûr, il n’y aurait pas non plus de sol riche en carbone sur les deux tiers de la surface terrestre de la planète qui dépend de l’activité des ruminants. Les mensonges déplacés qui font honte à la chair animale permettent la promulgation d’obscènes Franken-aliments comme l’Impossible Burger. Ces aberrations de la sensibilité culinaire sont en plein boum, et cet engouement n’est pas près de diminuer notre dépendance au soja. Ces « alternatives capitalistico-vertes » incarnent en outre la richesse générée par ce que nous mangeons comme un capital juteux détenu dans les mains de quelques entrepreneurs de technologie de pointe, qui, comme des vautours des affaires, utilisent des arguments fallacieux pour nous vendre de la « viande de laboratoire « un simple véhicule de capitalisation de la propriété intellectuelle. Ce qui compte pour ces marchands de faux, ce sont les brevets, et non la qualité intrinsèque des produits.

14 brevets dans chaque bouchée de viande de synthèse. Miam, un véritable trésor de guerre de plus de deux milliards de dollars selon les dernières estimations. Si un tel budget était alloué au pâturage régénérateur, nous pourrions mettre fin à la faim et à la désertification en Afrique.

Le pâturage planifié de façon holistique au Zimbabwe – construire le sol, inverser la désertification, séquestrer le carbone du sol. Photo Copyright Seth J. Itzkan

Le vrai problème, comme la plupart des gens de ce groupe le savent, c’est le soja et le maïs utilisés dans les élevages concentrationnaires (Note du mythe : CAFO : ce type d’élevage… n’existe pas en France.) . Lorsque l’accent est mis sur le sol, c’est évident, nous avons en fait besoin de beaucoup plus d’animaux !  De grandes régions du pays, comme pratiquement tout l’État de l’Iowa, qui pratiquent la culture céréalière annuelle, devraient être reconverties en prairie à herbes hautes avec pâturage. Lorsque le citoyen moyen comprendra cela, et lorsqu’il y aura des marchés du carbone pour récompenser la réduction des émissions, ce débat sera caduque. Les viandes nourries au pâturage seront concurrentielles sur le plan des coûts par rapport aux viande issues d’élevage concentrationnaires, tout comme l’énergie solaire est maintenant concurrentielle par rapport aux combustibles fossiles. On n’entend pas les gens réclamer d’employer « moins d’énergie ». Vous les entendez revendiquer des « énergies propres », ou encore des « énergies renouvelables ». Cette même logique sera appliquée à la viande, non pas « moins », mais « mieux ».

Seth Itzkan.